mardi 30 août 2011

Liberté d'expression contre règne de la pensée unique



La France est connue pour être un pays où l'on se passionne pour le débat et la polémique. Son passé révolutionnaire, l'effervescence intellectuelle, née du siècle des Lumières, qu'elle a su entretenir, participent fortement à ce mythe. 

Pourtant cette tradition, cette culture du débat libre et de la polémique est aujourd'hui menacée par le triomphe de la bien-pensance et du politiquement correct.  
Aujourd'hui tout le monde se doit d'adhérer à la même idéologie, au même discours dominant, sous peine de marginalisation, voire de diabolisation.

Ainsi nous sommes tous priés de dire que la guerre en Libye fut la guerre du bien contre le mal, que BHL est un défenseur des droits  de l'homme, que le mariage homosexuel va permettre à l'humanité de faire un pas de géant, que la dépénalisation des drogues douces est une idée  géniale, que l'euthanasie est un acte "humaniste," que le féminisme des "chiennes de garde" est un exemple pour toutes les femmes, que l'Europe est un projet formidable et émancipateur, que défendre le peuple est une attitude populiste, que le modèle capitaliste et libéral est le seul modèle valable, que le FN est un parti néo-nazi, que l'Islam pose problème dans l'espace républicain, etc. Je m'excuse d'avance auprès des bien-pensants pour n'avoir pas établi un ordre de priorités.

A ces "vérités incontestées et incontestables", il est interdit d'apporter la moindre contradiction, un autre son de cloche, une autre opinion tout aussi argumentée, sans passer pour un être déraisonnable et infréquentable.
De fait, on vit dans une société où la pensée doit constamment s'autocensurer et la langue tourner plus de sept fois pour éviter de fourcher, sous peine d'être criminalisé et judiciarisé.

On pouvait raisonnablement penser que le monde de la presse, si attaché à sa liberté d'expression et à son indépendance d'esprit, serait le plus sûr et le plus puissant rempart contre ce totalitarisme d'un nouveau genre. Il n'en est rien. Pire, il participe avec un incroyable zèle à cette police de la pensée (qui se cache derrière les habits de la vertu), contribuant à son tour à scléroser et à cadenasser le débat citoyen.

Oui, le bon vieux temps où on pouvait s'exprimer  et s'indigner sur tout est bel et bien révolu. Désormais place aux expressions toutes faites, aux indignations sélectives et aux condamnations d'office (même quand il n'y a pas matière à faire tout un plat). Fini les blagues potaches et marrantes sur Shlomo, Momo, Mamadou, les Ch'tis, la taille de Mimi Mathy, les drag queens,  le look de garçon de Caroline Fourest, sur la nullité du PSG, etc.
Tout le monde est sommé de se tenir à carreau, car des "agents Smith" (expression moderne pour désigner les spécialistes de la délation et de l'inquisition) veillent à ce que le troupeau soit bien gardé et que pas une brebis ne sorte du lot.
Et dire qu'un jour quelqu'un a eu l'outrecuidance de s'exclamer: "Voltaire, reviens! Ils sont devenus fous!".

lundi 29 août 2011

Interview-vérité

TwittoCom.- Bonjour @Linformatrice. Merci de nous accorder cette interview.
Votre apparition sur Twitter a créé le buzz, mais aussi la polémique. Vous intriguez pas de mal de monde, c'est le moins qu'on puisse dire. Quel objectif poursuivez-vous et pourquoi tout ce mystère autour de votre personnage?

@Linformatrice.- Pour tout vous dire, je suis réellement surprise de l'impact que j'ai rencontré sur Twitter et le déferlement de réactions positives comme négatives que ma présence suscite sur ce réseau social. Au départ je voulais me démarquer de mes collègues, en adoptant un ton volontairement décalé et provocateur dans la manière de présenter l'information. Il s'agissait en quelque sorte de parodier la profession. 

TwittoCom- Etes-vous consciente que votre manière d'agir choque nombre de vos collègues qui vous reprochent de bafouer la déontologie journalistique. Pire, on peine à croire que vous soyez réellement journaliste. En tout cas votre style laisse plus que dubitatif. 

@Linformatrice.- Oui, c'est une critique que j'entends et même que je comprends. Il y a évidemment une part de jeu et une volonté de ma part de brouiller les pistes. Si je devais suivre à la lettre les codes du métier et adopter son langage, je serais très vite démasquée. N'oubliez pas que dans cette affaire, j'engage ma carrière. Je suis courageuse, mais pas téméraire. 

TwittoCom.- Donnez-nous plus de détails sur cette incroyable histoire de convocation pour plainte. Est-ce vrai ou est-ce de la pure intox?

@Linformatrice.- Je vous assure que cette histoire de convocation est vraie ainsi que la plainte. Cependant, je reconnais volontiers que "j'ai du quelque peu arranger" les détails du déroulement de cette convocation et ses motifs véritables. Toujours pour brouiller les pistes.  

TwittoCom.- Mais pourquoi avoir annoncé cette plainte et cette convocation sur votre compte Twitter? Etait-ce pour créer le buzz? 

@Linformatrice.- Absolument pas, mais plutôt pour sensibiliser les twittos sur la facilité qu'il y a à retrouver la trace d'une personne opérant sur un réseau social, même sous couvert d'anonymat. Internet a des avantages, mais aussi de nombreux inconvénients. Rien de ce que vous écrivez n'est perdu. Tout est conservé. La preuve, en tapant sur google, il vous est possible de retrouver des traces de conversation sur Twitter ou sur Facebook. 
En outre, je voulais tester le niveau de solidarité dans ma profession. La réponse est sans équivoque: elle n'existe qu'entre collègues bien identifiés.

TwittoCom.- N'est-ce pas tout simplement lié au fait que votre style n'est pas celui d'une journaliste? Certains vous reprochent une écriture très approximative pour une journaliste de profession.

@Linformatrice.- C'est aussi ça le drame des réseaux sociaux. La nécessité d'être réactif vous conduit à être moins attentif et rigoureux au niveau de l'écriture et de l'orthographe. Et c'est vrai que cela a pu légitimement susciter des doutes sur mon statut supposé de journaliste. J'ai d'ailleurs décidé de limiter le nombre de mes tweets afin de privilégier davantage la qualité plutôt que la quantité. 

TwittoCom.- Certains twittos vous accusent d'appartenir à la mouvance de l'extrême droite et de mener une opération de manipulation en vue de l'élection présidentielle de 2012. Ainsi vos attaques seraient essentiellement dirigées contre la gauche et notamment les socialistes. Vous épargnerez Marine Le Pen.  Que répondez-vous à cela?

@Linformatrice.- Cette accusation est d'autant plus ridicule qu'elle s'appuie à la fois sur une démonstration et des arguments faibles. Elle vise à jeter le trouble. Je dirais que c'est de bonne guerre. Cependant quiconque prend le temps de lire mes tweets se rend compte que ma sensibilité politique se situe très clairement à gauche. Sauf à m'expliquer que Gracchus Babeuf que je cite était issu de la mouvance de l'extrême droite. 

TwittoCom.- Alors quel but poursuivez-vous?  

@Linformatrice.- Le but que je poursuis est simple: montrer d'une part les absurdités d'une classe politique, gauche et droite confondues, qui ne maîtrise plus rien, mais qui tente de maintenir les citoyens dans une fausse illusion du volontarisme. Et démontrer d'autre part la fausse indépendance de la presse qui est aujourd'hui une presse aux ordres et travaillant entièrement pour les intérêts du "système". Mais en même temps je comprends que cette critique sans concession agace plus d'un. 

TwittoCom.- On vous accuse aussi de manier un discours populiste et moralisateur.

@Linformatrice.-Est accusée de populisme toute personne qui critique les moeurs de la classe politique, qui dénonce la confiscation de la démocratie par les élites ou qui fustige le règne de la pensée dominante. C'est devenu un anathème commode pour les bien-pensants. Mais ça démontre aussi comment notre société est de plus en plus  policée, avec des sentinelles chargées de traquer les insoumis(e)s.

TwittoCom.-Les informations que vous délivrez ne sont quasiment jamais sourcées. Ne pensez-vous pas que cela leur retire beaucoup de crédibilité?

@Linformatrice.- Oui c'est un choix que j'ai fait. Ma démarche, en effet, n'est pas de faire du journalisme traditionnel, mais un journalisme impertinent. Mais vous avez sans doute raison: il va falloir que je source systématiquement mes informations pour ne pas être prise pour une farfelue. En dehors des témoignages off, cela va de soi. 

TwittoCom.- Jusqu'où irez-vous dans votre personnage?  

@Linformatrice.- Mes vacances s'achèvent dans deux jours. J'aurai donc moins de temps à consacrer à @Linformatrice. Mais je tiens à rassurer mes followers, elle ne disparaîtra pas!

TwittoCom.- Avez-vous reçu d'autres demandes d'interviews?

@Linformatrice.- Oui. Mais je ne vous en dirai pas plus.  

TwittoCom.- Merci à vous d'avoir répondu à nos questions.

@Linformatrice.- C'est moi qui vous remercie de m'avoir offert l'opportunité de clarifier ma position.

Primaires au PS: faites vos jeux!

Les six candidats à la primaire: Manuel Valls, Ségolène Royal, Martine Aubry, Arnaud Montebourg, François Hollande et Jean-Michel Baylet. Au second plan, Harlem Désir.

François, Martine, Ségolène, Arnaud et Manuel rêvaient d'être président de la République. Et chacun avait des bonnes raisons de vouloir l'être.

Pour François, il s'agissait de laver l'affront de 2006 où il n'avait même pas été capable d'imposer sa candidature alors qu'il dirigeait le PS et faisait des câlins à Ségolène une fois la lumière éteinte. 

Pour Martine, les choses étaient encore plus simples: elle estimait que c'est elle qui aurait du être la première socialiste à se présenter à une élection présidentielle, compte tenu de son pedigree. Bref, elle entendait ne pas se faire avoir ce coup-ci par Ségolène, sa pire ennemie qu'elle n'hésitait pas à qualifier de "sorcière".

Pour Ségolène, il s'agissait ni plus ni ni moins que d'assurer sa survie politique et de prendre sa revanche sur les éléphants qui avaient sabordé sa campagne en 2007. En cas de défaite aux primaires, elle savait qu'elle serait pendue haut et court. 

Pour Arnaud, prince de Saône et Loire, il s'agissait de répéter ses gammes de comédien durant ces primaires afin de s'aguerrir en vue de 2017. Le garçon était plutôt doué et ne manquait pas de verve. Et puis de toute façon il était convaincu qu'il serait ministre si François, Martine ou Ségolène gagnait la présidentielle. 

Pour Manuel, les choses étaient un peu plus floues. Beau gosse, mais ombrageux comme c'est pas permis de l'être, on avait du mal à cerner  ses motivations. Il savait que son positionnement très droitier, où il empruntait souvent au discours ultra-libéral, le condamnait à faire de la figuration. Alors pourquoi maintenait-il sa candidature? "Manuel veut un grand ministère et si possible celui de l'intérieur. Il veut suivre le même parcours que celui de Nicolas Sarkozy", dixit un compagnon de route. 

Durant le festival de Cannes, heu pardon l'université d'été du parti à la Rochelle, les six candidats ont tenté de se démarquer, mais pas trop. François a joué les favoris, c'est-à-dire s'est mis dans la peau d'un futur perdant. Martine avait l'air complètement larguée, malgré la présence des tueurs à gages redoutés comme Laurent Fabius, Claude Bartolone, Jean Christophe Cambadélis à ses côtés. Ségolène a servi sa petite musique toujours agréable à entendre pour ses partisans qui gardent une foi inébranlable en sa victoire. 
Quant à Arnaud et Manuel, ils ont évité d'être ridicules et de ne pas trop donner le sentiment qu'ils avaient déjà la tête à 2017.

Dans les prochains jours auront lieu des débats tant attendus pour départager les cinq candidats. Itélé et BFM, chaînes de racolage, ont déjà préparé les bande-annonces en mode superproduction américaine. Avec Olivier Mazerolle en animateur aussi bidon que sénile. 

PS: je n'ai pas cité le sixième candidat, Jean Michel Baylet, président du Parti radical de gauche. Parti fantomatique ayant son siège aux Triangles des Bermudes. Et pour tout dire, tout le monde s'en fout. Car Jean Michel, il fait trop provincial et il a l'air de trop se prendre au sérieux. Apparemment personne ne lui a expliqué les règles de la comédie de boulevard. 

dimanche 28 août 2011

Le journalisme politique: le spectacle au détriment de l'analyse


Le journalisme politique se distingue des autres formes de journalisme. Il n'est pas un journalisme d'investigation à proprement parler (encore que), mais essentiellement un journalisme d'analyse de la vie et du personnel politique.

Le journalisme politique se doit d'être d'autant plus rigoureux, neutre et indépendant dans ses analyses qu'il aide à éclairer les choix électoraux des citoyens que nous sommes, à mieux découvrir ou connaître telle ou telle personnalité politique, le programme de tel ou tel parti.

Or depuis quelques années maintenant, on assiste à une véritable dérive de ce journalisme animé aujourd'hui par des gens farfelus, totalement partisans et le plus souvent au service des intérêts du pouvoir en place, du "système" ou de la pensée dominante.

De David Pujadas, Michel Denisot, Arlette Chabot, Claire Chazal, à Laurence Ferrari, en passant par Olivier Mazerolle, Jean Michel Apathie, Jean Pierre Elkabbach, Michaël Darmon, Claude Askolovich, j'en passe et des meilleurs, ces journalistes d'opérette ne privilégient plus que le côté sensationnel et spectaculaire de la vie politique (petites phrases, rivalités individuelles), tout en affichant une connivence avec certains politiques (interviews complaisantes ou tronquées, etc).

Enfermés dans leurs certitudes et mus par un sentiment d'irremplaçabilité, l'idée ne leur viendrait pas de se remettre en question ni de privilégier un vrai journalisme pédagogique. Pour eux le peuple est forcément stupide et manipulable à merci. 

Ce journalisme de salon, à la tendance "strass et paillettes", participe grandement à l'effondrement de notre modèle démocratique et à l'éloignement des citoyens de la chose publique.

jeudi 25 août 2011

Dialogue entre l'impertinent et le bien-pensant sur la Libye



"L'impertinent" et son ami "le bien-pensant" se retrouvent autour d'une terrasse. Ils discutent à bâtons rompus sur la situation en Libye.

Le bien pensant.- Tu as vu, le régime de Kadhafi est tombé. Le peuple libyen est libre. Il va enfin jouir de la liberté et de la démocratie. Bref, une nouvelle ère s'ouvre pour eux. Je suis vraiment heureux.

L'impertinent.- La liberté et la démocratie, laisse moi rire! La seule chose que les Libyens ont gagné dans cette histoire, c'est l'occupation militaire de leur pays par les forces de l'OTAN et l'exploitation de leurs ressources pétrolières. Il n'y a que toi et les autres gogos pour croire que les Français, les Américains et les Anglais ont déployé autant d'énergie et d'argent pour porter la noble cause de la liberté et de la démocratie. Ta naïveté me sidère, comme toujours.

Le bien-pensant.- C'est fatigant tous ces gens qui voient le mal partout. Ton goût immodéré pour les "théories du complot" devient lassant. Kadhafi était un tyran qui opprimait son peuple. Il s'est livré à des crimes contre l'humanité et était à deux doigts de massacrer les habitants de Benghazi si les Occidentaux que tu critiques tant n'étaient pas intervenus pour le stopper dans sa folie. Ils ont évité un terrible massacre que nous aurions tous eu sur la conscience.

L'impertinent.- ça c'est la version classique que nous servent les USA et leurs alliés. Ce qui s'est passé en Libye, et qui va se passer en Syrie qui est la prochaine cible, c'est exactement ce qui s'est passé en Irak. A l'époque tous les médias ont repris en coeur le pipeau selon lequel Saddam Hussein était un affreux dictateur qui martyrisait son peuple, possédait des armes de destruction massive et hébergeait des bases d'Al Qaïda. Une guerre plus tard et des centaines de milliers d'Irakiens tués, on s'est rendu compte que les USA avaient tout planifié pour s'emparer du pétrole irakien et morceler le pays en plusieurs factions rivales. Idem en Afghanistan, où on a justifié l'intervention militaire au motif que Ben Laden s'y trouvait, qu'il s'agissait de venger les morts de l'attentat du 11 septembre et de libérer le peuple afghan du régime dictatorial des Talibans. Là encore gros mensonge. Aujourd'hui bis repetita en Libye où on découvrira d'ici quelque temps que c'est la volonté de mettre la main sur les immenses réserves de pétrole du pays qui a motivé l'intervention de l'OTAN et non pas le prétendu sort du peuple libyen. Mais tu as le droit, comme d'autres, de tomber dans le panneau.

Le bien-pensant.- Tu aurais souhaité quoi au final, que Kadhafi restât au pouvoir et qu'il massacrât les habitants de Benghazi? Personnellement, je me réjouis chaque fois qu'un dictateur tombe et peu importe comment il tombe. Pour moi c'est le résultat final qui compte. Et puis je trouve qu'il y a un côté moralement choquant à prendre les rebelles libyens pour des marionnettes manipulés par l'Occident. Ces gens là ce sont battus avec courage pour leur liberté. Je n'arrive pas à savoir de quel côté tu es.

L'impertinent.- Contrairement à toi, je n'analyse pas les choses de manière naïve, à partir d'une grille de lecture complètement biaisée, celle des droits de l'homme qui ne vise qu'à empêcher les gens de réfléchir. Ce qui se passe en Libye relève de la géopolitique, c'est-à-dire d'une logique de rapport de force et de domination, où l'Occident va imposer ses intérêts à un peuple et à un pays qu'il a militairement pris en otage pour exploiter ses richesses. Le paravent démocratique ne sert que de couverture morale à une action qui dans ses intentions comme dans son exécution est profondément immorale. D'ailleurs tous les experts sont unanimes pour dire qu'il y a une violation outrancière de la résolution de l'ONU.

Le bien pensant.- Mais enfin, Kadhafi et ses partisans ont commis des crimes contre l'humanité. Tu ne peux pas le nier quand même! Réveille toi bon Dieu!

L'impertinent.- Elles sont où les preuves de ces crimes contre l'humanité commis par Kadhafi et ses troupes? As-tu déjà vu à la télé des fosses communes, des charniers venant attester ces fameux crimes? Le mot "crime contre l'humanité" a un sens tout de même! Cela signifie génocide, massacre à grande échelle. Maintenant que l'OTAN et les rebelles contrôlent le pays, pourquoi ne nous montrent t-ils pas  les preuves irréfutables de cette terrible accusation? D'autant que ça ne devrait pas être trop dur avec toute la technologie dont dispose les alliés.

Le bien-pensant.- Je n'en sais rien. Et puis de toute façon ça change quoi au fait que Kadhafi était un dictateur et qu'il fallait le virer?

L'impertinent.- Alors si la mission de l'Occident est d'exporter les droits de l'homme, la liberté et la démocratie, je dis qu'il faut donc aller au bout de la logique et ne pas s'arrêter en si bon chemin. Je propose qu'on attaque militairement la Chine, la Russie, l'Iran, la Corée du Nord, le Vénézuela, le Zimbabwé, la Birmanie, la Biélorussie, etc. Bref, tous les pays que l'on soupçonne d'être des dictatures selon la grille de lecture, très orientée, de l'Occident. Tu en penses quoi? 
Par ailleurs, je te signale qu'il y a eu une révolution au Bahreïn qui a été réprimée dans le sang, sans que cela ne heurte notre bonne conscience d'occidentaux ni celle de notre grand philosophe national, Mr Botul. Pourquoi? Parce que le monarque du Bahreïn est un allié inconditionnel des USA qui ont soutenu cette répression en envoyant des troupes via l'allié saoudien. 

Le bien-pensant.- Tu mélanges tout. Et puis parlons d'autres choses!

L'impertinent.-Oui c'est ça parlons d'autres choses. 

Qui de l'impertinent ou du bien-pensant a raison? Donnez votre avis dans la partie commentaires. 

Compte rendu de mon audition


Hier soir, en écoutant ma messagerie fixe, une voix d'homme m'informe que je suis convoquée le lendemain au commissariat de police du... à 10h30 pour être entendue dans le cadre d'une plainte déposée contre moi pour diffamation et infraction à la charte déontologique de la profession de journaliste.
La plainte fait état de propos injurieux et diffamatoires tenus sur mon compte Twitter ainsi que de l'anonymat de ce dernier.

Interrogée pendant sept heures sur les "tweets litigieux", j'ai réfuté point par point les accusations proférées contre moi. 
J'ai indiqué que la nature des propos que j'ai tenus relevait de ma liberté d'expression et que, par ailleurs, un journaliste n'était pas tenu de révéler ses sources, notamment en ce qui concerne des citations rapportées.

Il m'a également été reproché d'avoir fait mention "d'informations mensongères et dangereuses sur la présence des forces françaises en Libye" ainsi que de pratiquer une incitation à la haine à l'encontre de la communauté juive et à l'égard d'Israël. Accusations contre lesquelles je me suis vigoureusement défendue, en précisant que j'étais moi même issue de la communauté juive comme mon nom de famille le spécifiait très clairement sur ma pièce d'identité, mais que je m'accordais le droit et la liberté de dénoncer la politique conduite par un Etat, fût-il Israël, que tout cela ne constituait en rien une infraction au regard de la loi.

J'ai ensuite demandé à connaître l'identité du plaignant ou de la plaignante pour qu'il puisse y avoir  confrontation. Demande qui m'a été refusée sans que l'on m'en fournisse le motif. 

S'agissant de la violation de la charte déontologique, j'ai fait valoir que son constat ne relevait pas d'un commissariat, mais de mon employeur et, éventuellement, d'un juge.   

Je tiens à préciser que le commissaire qui a procédé à mon audition a été d'une extrême courtoisie, n'usant d'aucun moyen de pression ni d'aucune menace, directe ou indirecte (même si l'audition m'a paru bien longue). Nous avons même convenu que la plainte était exagérée, mais qu'il se devait de la traiter.  Dès lors, j'ai compris que le commissaire obéissait à un ordre. Venu d'où, de qui? Mystère!
J'ai clairement dit à l'officier de police qu'il était hors de question que je ferme mon compte Twitter et que je ne redoutais pas une action en justice. 

Conclusion de cette folle journée: je vais poursuivre mon activité sur Twitter, tout en sachant que l'affaire pourrait prendre des proportions désagréables qui me mettraient nécessairement sous une certaine pression. On verra bien. Demain est un autre jour.

jeudi 18 août 2011

La crise: la toucher comme c'est agréable



La crise est partout: à la télé, à la radio, dans les journaux. Partout. Au point qu'elle est devenue notre meilleure amie. Elle nous réveille le matin et nous aide à nous endormir le soir, en nous jouant une petite berceuse. 

La crise est toujours élégante sur elle. Normal, tous nos impôts vont dans sa poche. Ce qui lui permet de s'habiller chez les plus grands couturiers.
Tout naturellement la crise roule dans les belles voitures avec un chauffeur à son service. Les transports en commun et les mauvaises odeurs qui y règnent, elle ne connaît pas. 

Lorsque la crise se rend à déjeûner chez les classes moyennes, elle laisse toujours ses interlocuteurs sonnés. Sonnés par sa voracité insoupçonnée. 
En revanche, elle se fait un devoir de ne jamais se déplacer dans les quartiers défavorisés: elle préfère y envoyer les huissiers ou la police. Car elle n'aime pas manquer de tact à l'égard des gueux et de la vermine. 

Avec l'effondrement de l'économie mondiale, la crise est devenue une immense star internationale. Des sommets, des réunions d'urgence, des conférences de presse, des éditoriaux et des débats à la télévision lui sont consacrés. Ses impresarios se recrutent parmi des chefs d'Etats et de gouvernements. Des économistes se chamaillent dans la description de son insaisissable personnalité.

La crise a aussi son parfum fétiche dont elle ne se sépare jamais et  dont elle n'hésite pas non plus à faire la publicité: le Bettencourt (de Guerlain).

Enfin la crise, c'est aussi une philosophie, une sagesse à laquelle de grands maîtres tels que Alain Minc, Bernard Henry Levy ou Jacques Attali tentent d'initier le peuple français littéralement enchanté et captivé. 

Oui fréquenter la crise, c'est vraiment agréable. Et tous ceux qui disent qu'elle constitue un problème ne comprennent décidément rien à la vie. 

mercredi 17 août 2011

Qui suis-je?

 

Je m'appelle l'Informatrice. Je suis âgée d'une trentaine d'années. Je suis mariée et mère de deux enfants.
J'aime par dessus tout mon métier de journaliste que je vis comme une vocation. Je travaille actuellement dans un grand quotidien.

Pendant de nombreuses années, je me suis fondue dans le moule, sans faire d'histoires, consciencieuse dans mon travail, respectueuse de la ligne éditoriale de ma hiérarchie (ligne éditoriale contrôlée naturellement par les actionnaires).
J'ai couvert des événements politiques, réalisé de nombreuses interviews, rencontré le gratin et fréquenté le fameux dîner du Siècle.

Le métier de journaliste aujourd'hui a perdu de sa superbe. La logique marchande est entrain de tout tuer. Le journaliste n'est plus un informateur, un chroniqueur, un pédagogue, mais un commercial qui doit s'inscrire dans un projet de développement économique de son média, contraint de rechercher sans cesse le scoop, le sensationnel, tirant le niveau intellectuel et culturel de la société française vers le bas.

Respecté hier pour son indépendance et sa capacité à résister aux  pressions, le journaliste n'est plus aujourd'hui qu'un simple salarié qui doit  avant tout se battre pour conserver son emploi en cette période de vaches maigres. D'où le sentiment de collusion avec les puissants et les nantis.

Car être journaliste, c'est aussi appartenir à une corporation qui, au cours de ces vingt dernières années, entretient des relations incestueuses avec le monde politique et économique, lequel influe sur sa manière de traiter l'information, voire de la manipuler.
Aujourd'hui le destin du journaliste est d'être clairement au service d'une haute élite.

Cependant, il serait injuste de considérer que tous les journalistes sont des "vendus". La vérité est que la grande majorité d'entre eux sont au quotidien de gens passionnés par leur métier, qui essayent de faire du mieux qu'ils peuvent, dans des conditions pas toujours évidentes, leur travail et qui ne gagnent pas plus de 3000 euros par mois. 
Mais la forte prégnance de la pensée dominante les empêche de sortir des clous, à quelques exceptions près. 

C'est pour bousculer et réveiller une profession qui est entrain de perdre ses lettres de noblesses, en raison de ses compromissions et de son académisme conservateur, que j'ai créé le personnage énigmatique de L'Informatrice. 

Dans une France sinistrée sur le plan économique et social, en proie au doute, où les citoyens ne croient plus aux vertus de la politique et se détournent des scrutins démocratiques, j'ai donc décidé de partager avec eux un certain sentiment de révolte.
Révolte à l'égard de certains comportements qui nous heurtent dans l'idée que nous nous faisons de la république, de la démocratie et de l'égalité. 
J'ai décidé de le faire avec humour, impertinence et dérision.    
Et comme il faut bien rire, j'ai sélectionné ce sketch de notre regretté Coluche qui nous remet à nous journalistes les idées bien en place.